Elections Présidentielles : petit point depuis les USA

Certains d’entre vous m’ont fait part de leur désir d’en savoir un peu plus sur l’interprétation des résultats du premier tour outre-Atlantique.

Tout d’abord et à en juger par la presse, le très fort taux de participation a beaucoup frappé les esprits. Il faut dire qu’ici, la participation moyenne à une élection présidentielle peine à dépasser les 50%... Ensuite, tout le monde s’attendait – ou en tout cas espérait – ce deuxième tour. D’un côté l’homme de la rupture, Nicolas Sarkozy et de l’autre, une femme, Ségolène Royal. Bref, une affiche de rêve alors que pour la première fois, une femme est également en bonne position pour accéder à la Maison Blanche : Hillary Clinton (toujours en tête dans les sondages et le fundraising). Et oui, ici, Bayrou est loin d’enflammer les foules !!

D’autre part, Sarkozy reste le grand chouchou des médias américain qui aime son énergie ainsi que la manière dont il a mené le Ministère de L’intérieur. Il est souvent comparé à Rudolph Guliani, l’ancien maire de New-York qui a inventé la fameuse « tolérance zéro » avec grand succès. Au contraire, Royal est vue comme la défenseuse de recettes dépassées « digne des années 60 » comme j’ai pu l’entendre à la BBC et le lire dans The Economist. Et oui, ici, la rupture à la sauce Royal ne trompe personne…

En tous cas, pour la première fois depuis bien longtemps, les élections françaises font parler d’elle. Le résultat du 1er tour était en première page du New York Times et presque tous mes profs m’ont fait une remarque sur le sujet cette semaine.

Georgetown Day

Hier, vendredi 27 Avril, avait lieu le « Georgetown Day » (la « journée Georgetown »). Pour l’occasion des barbecues géants étaient installés aux quatre coins du campus. De multiples stands proposaient nourriture et boissons gratuites… Bref hot-dogs et coca à volonté : de quoi faire la joie de n’importe-quel américain !! (et je ne caricature pas !)

Le soir venu, l’alcool a coulé à flot. A partir de minuit des hordes d’étudiants complètement saouls défilaient à travers l’université… triste spectacle qui montre à quel point l’interdiction de boire en dessous de 21 ans est inutile. J’en viens même à me demander si elle n’a pas l’effet inverse que celui escompté !

Le 1er tour depuis Washington

Ici, le 1er tour s’est déroulé le samedi afin de permettre aux Français de voter sans déjà connaître le résultat de l’élection. En effet, en 2002, alors que les Français de l’Etranger votaient le dimanche, on savait ici dès 14h00 que Jean-Marie Le Pen était au second tour. D’où l’intérêt de voter la veille…

L’avantage, c’est que dès le samedi soir, les résultats du scrutin de l’ambassade de Washington étaient connus et sans surprise, ils furent sans appel :

- total des votants : 2710
- Nicolas Sarkozy : 1186 (43,7%)
- Ségolène Royal : 688 (25,4%)
- François Bayrou : 658 (24,2%)

Le seul petit évènement vint en fait du vote Bayrou, relativement haut dans un pays pourtant habitué à une bipolarisation claire droite-gauche et qui pouvait laissé présager un très bon score du candidat centriste dans l’hexagone .

Aujourd’hui, dimanche, retour à l’ambassade pour la projection des résultats dans le grand auditorium. 14h00 : les résultats tombent… grande joie chez les quelques sarkozystes tandis que la salle majoritairement bayrouiste applaudit fébrilement le score de son candidat…

Dans 15 jours, retour aux urnes avec une question : à qui le bon score de Bayrou à Washington va-t-il profiter ? Réponse : Samedi 5 mai dans la soirée. Cela constituera une première indication d’importance…

Sous le choc

13h15, hier après-midi. En entrant en cours d’allemand, j’apprends de la bouche d’un camarade la terrible nouvelle : il y a quelques heures, un étudiant armé a ouvert le feu sur des étudiants dans une université de l’Etat voisin de Virginie. Après le cours, je prends la mesure de la catastrophe : 33 morts. Aussitôt, les terribles images de la fusillade de Columbine, en 1999, me traversent l’esprit. Et puis, ce sentiment d’insécurité… Et puis cette question : combien de drames de ce genre faudra-t-il encore avant que les Etats-Unis prennent enfin des mesures contre la vente libre d’armes ??

Les chiffres sont accablants. Il y a 235 millions d’armes (officiellement recensées) en circulation sur le territoire américain… pour 300 millions d’habitants. Les conséquences n’en sont malheureusement pas surprenantes : 33 000 meurtres par an sont commis, soit 90 par jour. No comment.

Je profite de mon cours de français du lundi après-midi pour revenir sur la tragédie avec mes étudiants. Et là, surprise : quand je leur demande quelle est selon eux la cause de la fusillade, personne ne me répond que c’est à cause de la libre circulation des armes ! Ils me disent que les problèmes psychologiques des jeunes ne sont pas assez pris en compte, que la société est de plus en plus violente, que c’est la faute des média ou des jeux-vidéos… Une étudiante raconte même qu’elle a elle-même vécu une scène de fusillade dans son lycée. Mais aucun mot sur les armes.

Je leur fait part de mon étonnement, mais je me rends compte que cela est totalement secondaire pour eux. De toute façon, inutile de rêver, me dise-t-il, le port d’armes ne sera jamais interdit aux Etats-Unis. La NRA (National Riffle Association – lobby pro-arme) est le deuxième plus gros groupe d’intérêt du pays et bloque automatiquement toute initiative menaçant la libre circulation des armes. Bill Clinton avait bien interdit la vente d’armes automatiques, mais Bush a annulé la loi au début de son second mandat. Et puis surtout, le port d’arme est un droit constitutionnellement reconnu dans l’article 2. Autant dire, que c’est sacré !

Je demande alors à mes étudiants quelles solutions devrait-on appliquer pour que de telles tragédies ne se reproduisent pas. Ils me répondent unanimement que la société américaine est très violente et qu’il faut faire avec. Etonné je m’exclame : « donc de tels drames se produiront encore ! Peut-être demain, et peut-être ici, à Georgetown ! » Ce à quoi ils me répondent en cœur : « Oui, c’est sûr, cela se reproduira. Il y en a tous les ans. Prions pour que ça ne se produise pas à Georgetown. » Pas très rassurant quand même…

Polémique : Georgetown University et l’avortement

Ces derniers jours, une polémique est née à propos de la position de Georgetown University par rapport à l’avortement. Si je vous en parle, c’est que ce cas est symptomatique du conservatisme d’une certaine frange de l’Amérique. En fait tout a commencé lorsqu’un étudiant à la Law School s’est vu refuser l’accès à une bourse pour effectuer un stage. Motif : l’étudiant en question avait trouvé une place dans une organisation défendant le droit à l’interruption volontaire de grossesse (The Planned Parenthood’s litigation department). Or, cela n’a pas du tout plût à l’administration qui a immédiatement refusée toute aide financière à cet étudiant accusé de vouloir travailler pour des fins contraires à la doctrine catholique.

Il faut dire qu’il n’y a rien d’étonnant à cette décision. L’avortement et la sexualité en général sont des sujets plus que tabou ici. La seule association à ne pas être subventionnée par l’université est celle qui défend le recours à l’IVH et Georgetown est un des rares campus US dans lequel la vente de préservatif est prohibée. Et oui, chez les jésuites, ça ne rigole pas !! N’empêche que le débat est de nouveau ouvert et les voix sont de plus en plus nombreuses à s’élever pour réclamer une politique un peu plus progressive en ce début de 21e siècle…

Easter Break - Part III

Après une longue nuit, Vincent et moi repartons pour le centre de Washington où nous visitons le musée national de l’Holocauste. Très dense et très intéressant, l’endroit est également très poignant. En effet, rien n’est laissé au hasard et tout est fait pour marquer les esprits.

Le musée est en fait organisé comme un semblant de camp, avec de grands murs en briques rouges, d’imposantes portes en fer, et des fils barbelés… Cela va même assez loin puisque les ascenseurs à peine éclairés sont en fait de fausses chambres à gaz (cf.photo)… ce qui est quand même un peu glauque. Autre moment particulièrement émouvant : la salle dans laquelle ont été disposés les tas de chaussures de milliers de personnes qui ne sont jamais revenu des camps de la mort.

Après cette visite très marquante et une longue marche, nous sommes arrivés à la nécropole nationale d’Arlington où reposent des milliers de soldats américains. Nous nous sommes attardés quelques instants sur les tombes de John F. Kennedy, sa femme, et son frère Bob, avant de rejoindre le sommet du cimetière d’où la vue sur la ville de Washington est exceptionnelle (cf. photo).

Puis, retour à Chinatown où Vincent devait prendre son bus de retour pour New-York. Les « chinatown buses » qui relient les quartiers chinois des différentes villes US sont en effet très bon marché. Seulement $35 pour l’aller-retour Washington/New-York, ça vaut vraiment le coup !! Ca permet aussi de découvrir les quartiers chinois qui sont de vraies villes dans la ville. Et on comprend vite pourquoi les chinatown buses sont si bon marché : en guise de salle d’attente, un petit local avec trois tabourets dans le sous-sol d’une maison… bref toute une ambiance… on a du mal à se dire que c’est aussi ça les Etats-Unis !

Easter Break - Part II

Samedi midi, un ami de lycée m’a rejoint dans la capitale fédérale… comme quoi le monde est bien petit !! En effet, Vincent, qui est étudiant à l’IEP de Lyon, a choisi d’effectuer un stage plutôt que d’aller en université pour sa troisième année à l’étranger. Il travaille actuellement au sein de la mission française aux Nations-Unies, à New-York.

Bien sûr, l’après-midi a commencé par la visite des sites incontournables de la capitale : la Maison-Blanche, le Mémorial de Lincoln, le Washington Monument, etc… Puis, nous avons visités le Air and Space Museum. Je dois avouer que j’ai été un peu déçu par ce musée dont on dit pourtant le plus grand bien. Moi qui aie visité le musée du Bourget des dizaines de fois, je peux affirmer qu’il n’y a aucune comparaison possible !! En fait, le Air and Space Museum est très américain, dans le sens où la priorité est donnée à une interactivité à l’extrême. Les cinémas grands écrans IMAX font ainsi plus l’attraction que les avions.

Nous avons d’ailleurs assisté à la projection d’un film consacré aux pilotes de chasse qui nous a beaucoup fait rire. C’était de l’américain à la limite de la caricature. On nous montrait un pilote dont le rêve était d’imiter son grand-père, un héros de la guerre du Pacifique, et on prenait bien soin de nous préciser à la fin du film qu’il avait finalement servi avec brio en Irak…

Petit détour par le Pentagone et retour à Georgetown où nous avons assisté à la Vigile Pascale dans la Dahlgren Chapel (la chapelle de l’université - cf. photo). Ce fut une très belle messe, longue de plus de 2h, mais très vivante, dans la plus pure tradition des campus universitaires catholiques.

Easter Break - Part I

Les cinq jours des vacances de Pâques furent les bienvenus !! Comme je l’ai écrit dans mon message précédent, ce fut l’occasion de faire le tour des musées de Washington. Il m’est en effet demandé de visiter la plupart des galeries d’art de la ville pour écrire un mémoire en Histoire de l’Art. Je dois avouer que cette obligation est loin d’être déplaisante.

J’ai ainsi découvert plein de nouveaux musées plus intéressants les uns que les autres. Washington est vraiment une capitale très riche artistiquement !! Jeudi, étaient prévus au programme :

- The Renwick Gallery : située juste en face de la Maison Blanche, cette petite galerie abrite deux chef d’œuvres de Thomas Moran, un des principaux peintres américains du 19ème siècle.

- The Corcoran Gallery : une des plus grandes galeries d’art de Washington. J’ai pu y découvrir une très belle exposition sur le modernisme ( dont le fameux tableau de Fernand Léger, Le Marin), ainsi que des très nombreux chef d’œuvre peints par les plus grands artistes européens : Delacroix, Degas, Courbet, Corot, Constable, Turner, etc… J’ai également fait la connaissance de Richard, un guide d’un certain âge, qui m’a fait profiter d’une visite privée et prodigué de précieux conseils pour mon mémoire.

- The Phillips Collection : une des collections les plus connues et les plus riches du monde. Elle était exposée au Musée du Luxembourg l’année dernière. Les noms des tableaux qui y sont exposés font rêver : La Montagne Sainte Victoire de Cézanne, les Danseuses de Degas, le Déjeuner des Canotiers de Renoir (cf. photo), ou encore Maison à Auvers de Van Gogh.

Le vendredi était lui aussi bien chargé :

- Musée national des femmes dans l’Art : endroit très plaisant dans lequel de grands noms de la gente féminine sont exposés : Angelica Kauffman, Elizabeth Vigée-Lebrun, ou encore Mary Cassatt.

- Smithsonian American Art Museum : musée très dense qui rassemble les œuvres majeures des peintres américains. A ne pas manquer : l’immense tableau d’Albert Bierstadt (cf. photo) à couper le souffle et la galerie de portraits des 41 Présidents des Etats-Unis.

Easter Break

Deuxième temps de repos dans le semestre : Easter Break (vacances de Pâques). Enfin, vacances, c’est beaucoup dire, puisque nous n’avons pas classe de jeudi à lundi. J’appelle plutôt ça un très long week-end… Le campus s’est donc nettement vidé bien que de nombreux étudiants préfèrent rester à Georgetown pour cause d’emplois du temps bien chargé !

C’est mon cas. Je reste à Washington pendant ces quelques jours et je vais en profiter pour faire le tour des musées de la ville dans le cadre de mon cours d’histoire de l’art. Je m’y mets dès demain avec la découverte de la fameuse collection Phillips qui vient de revenir dans la capitale fédérale après avoir pris ses quartiers pendant un an… au Musée du Luxembourg.

La fin d’une belle aventure…

L’équipe de basketball de Georgetown n’aura malheureusement pas réalisé l’exploit de devenir championne des Etats-Unis. La belle aventure s’est terminée en demi-finale, samedi dernier contre l’équipe d’Ohio State University. Menée pendant toute la partie, Georgetown s’est logiquement inclinée 60 à 67 à l’issue du temps réglementaire. Cependant, le match a laissé beaucoup de regrets chez les étudiants car les Hoyas étaient donnés légèrement favoris.
Pour la deuxième année consécutive, c’est l’équipe de l’université de Floride qui a remporté le trophée. Bravo à eux et bravo à Georgetown qui n’avait pas atteint ce niveau de compétition depuis 1985 !

Je voudrais finir en soulignant l’énorme engouement qui s’est développé autour des basketteurs de l’université. Un de mes roomates a ainsi fait la queue pendant 19 heures de suite et a même passé toute une nuit d’attente dehors pour acquérir un des milles billets lui permettant d’aller assister aux demi-finales à Atlanta… Cet engouement s’est d’ailleurs confirmé lundi lorsque l’équipe est revenue à l’université et a été dignement honorée au cours d’une petite cérémonie devant des centaines d’étudiants agitant des banderoles « Hoya Saxa ! »

Présidentielles 2007 : mes étudiants ont voté !

Dans le cadre des cours de Français que je donne à l’université, j’ai fait participer mes étudiants à une simulation de débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Etalé sur deux séances, le débat a porté sur quatre thèmes : les relations internationales, l’économie, l’immigration et la Défense. Deux étudiants incarnaient les candidats, trois autres des journalistes, et le reste formait un public bien revendicatif. Le résultat fut très satisfaisant puisque chacun s’était vraiment bien pris au jeu. Le discours des candidats restera un grand moment !

J’avais promis aux étudiants qu’ils voteraient à l’issue des 2 séances (un vote sur les programmes et non sur les prestations individuelles). Le résultat fut sans surprise : victoire écrasante de Nicolas Sarkozy qui l’emporte dans mes deux classes avec plus de 75% des voix.