Certains Français voient dans le système américain, une sorte d’idéal démocratique. Un système institutionnel apaisé, sur lequel le système français devrait se calquer. Je le dis sans détours, je ne partage pas cette opinion.
Sur le papier, la démocratie américaine pourrait plutôt équilibrée. Un exécutif fort en la personne du Président, contrebalancé par un législatif où cohabitent les Représentants élus pour deux ans et les Sénateurs élus pour 6 ans. Les Etats-Unis n’ont connu qu’une seule constitution, très peu amendée d’un point de vue institutionnel, et qui n’a engendré aucune crise de régime. Cependant, le système américain est loin d’être une panacée !!
J’entends dire que la démocratie américaine permet un renouvellement des générations… FAUX et archi-faux !!! C’est simple, le système américain offre aux sortants un avantage disproportionné… En 2004, 90% des Sénateurs sortants ont été réélu, tandis que 98,5% des Représentants sortants ont retrouvé leur siège !! C’est énorme !! Actuellement en recherche d’un stage au Congrès, je postule auprès d’un Sénateur élu depuis 1976 !!. En fait, une fois élu, on est quasiment sûr de garder son siège ad vitam eternam… Autre exemple Ronald Rumsfeld était déjà Secrétaire à la Défense sous Gérald Ford. Alors que l’on ne vienne pas me dire que le système français est défaillant parce-qu’il ne permet le renouvellement des générations. Il le permet dans une large mesure. Et si Chirac est encore là, c’est que les Français le veulent bien. A plusieurs reprises, ils auraient pu mettre un terme à sa vie politique mais ont préféré ne pas le faire. Cela n’a rien à voir avec nos institutions. Et si le Président des Etats-Unis change tous les quatre ou huit ans, c’est tout simplement parce-que la Constitution ne lui permet pas de faire plus de deux mandats.
Autre chose, l’importance de l’argent. Pour faire de la politique aux Etats-Unis, il faut être riche, très très riche… 1/3 des Sénateurs sont millionnaires… Et pour être élu, il faut avant tout savoir récolté de l’argent, beaucoup d’argent. La première activité d’un politique est le « fundraising » (levé de fonds). Les idées viennent après. C’est le fundraising qui détermine qui est capable d’assumer des responsabilités. Pourquoi Nancy Pelosi a-t-elle été nommée à la tête des Représentants démocrates ? Parce-que c’est elle qui a récolté le plus de fonds… D’autre part, elle est la 8ème fortune des La Chambre des Représentants. Bref, la politique c’est un truc de riche.
La démocratie américaine est plus représentative ? FAUX !!! Un seul noir siège au Sénat et le premier Représentant musulman vient juste d’être élu. Pour le reste, les américains ont trouvé une tactique pour créer un semblant de diversité. Certaines circonscriptions ont été redessinées exprès pour n’inclure que des minorités et donc permettre l’élection d’un de leur membre. Le peu de Représentants de couleurs sont donc issus de ces circonscriptions spéciales. C’est de la discrimination positive version politique. Le résultat ? Ils sont complètement décrédibilisés par le système qui considère qu’ils ne pourraient jamais être élus sur une base égalitaire avec les blancs.
Voilà la réalité de la démocratie américaine, qui, pour moi, n’est qu’une semi-démocratie. Notre système français est bien meilleur. Pour autant, je suis tout à fait favorable à des ajustements institutionnels pour le rendre encore plus efficace. Cela passe par la suppression du Premier Ministre dont l’existence n’est plus justifiée à partir du moment où le Président élu par le peuple assume seul la conduite de l’exécutif. Cela sous-entend que le Gouvernement ne soit plus responsable devant l’Assemblée. Celle-ci se verrait cependant doter des moyens nécessaires au contrôle de l’exécutif, à travers l’octroi de davantage de pouvoirs pour l’opposition notamment. La dualité à la tête de l’exécutif serait supprimée de même que le risque de cohabitation, tandis que le Président aurait l’obligation de rendre des comptes à la Représentation Nationale. Voilà ma vision d’une démocratie apaisée, inspirée des institutions américaines dans le sens où notre régime deviendrait un régime présidentiel également. Mais cela ne va pas plus loin ! Soyons fiers de notre République. La « crise démocratique » dénoncée par Ségolène Royale n’est qu’une vaste connerie. Ce dont a besoin la France, c’est de croissance, d’emplois et d’ambition… Si on lui donne cela, comme de par hasard, la supposée « crise démocratique » disparaîtra d’elle-même.